Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Fermer

Les placements financiers des ménages en 2025 : vers un changement de cap ?
information fournie par Mingzi 08/05/2025 à 08:15

Crédit photo : 123RF

Crédit photo : 123RF

En ce début d'année 2025, les comportements d'épargne des Français semblent amorcer un tournant. Si la prudence reste de mise, les derniers chiffres laissent entrevoir une réorientation des placements, portée par des évolutions conjoncturelles. Décryptage.

Les économistes de l'Observatoire BPCE ont publié une analyse approfondie sur les évolutions de l'épargne des ménages français, mettant en lumière les grandes tendances et les premiers signes d'un possible changement de comportement en matière de placements financiers.

Une épargne toujours forte, mais des placements en mutation

Les ménages français continuent à afficher un fort niveau d'épargne, avec un taux atteignant 18,2 % en 2024, contre 14,6 % en 2019. Une tendance qui devrait légèrement fléchir en 2025 tout en restant à un niveau historiquement élevé. Pourtant, cette épargne ne se traduit pas automatiquement par des flux massifs vers les produits financiers.

Le paradoxe est marquant : alors que le taux d'épargne reste élevé, les flux nets vers les placements financiers se sont effondrés depuis 2022. Selon les données du Groupe BPCE : en 2022, les flux nets de placements financiers représentaient 5,7 % du revenu disponible brut (RDB). En 2023, ce taux a chuté à 1,1 % du RDB et il n'est remonté que légèrement à 1,9 % du RDB en 2024. Cela s'explique notamment par le recul du crédit immobilier, qui a réduit la marge de manœuvre budgétaire des ménages et a freiné les investissements financiers.

L'effet crédit : une clé d'explication des placements en baisse

La contraction du crédit à l'habitat, passé de +5,5 % en 2022 à -0,7 % en 2024, a profondément modifié la dynamique de l'épargne. Moins de crédits signifie que les ménages doivent mobiliser plus d'épargne pour financer leurs projets immobiliers, réduisant d'autant les ressources allouées aux placements financiers.

De plus, la baisse de l'inflation, après une période d'envolée entre 2022 et 2023, modère l'effet dit "d'encaisses réelles" : les Français ont moins besoin d'épargner pour protéger leur pouvoir d'achat, mais la méfiance issue du traumatisme inflationniste reste présente dans les comportements.

Un frémissement en ce début d'année 2025

Les données des deux premiers mois de 2025 indiquent une reprise modeste des flux vers les placements financiers : +7 milliards d'euros en cumulé, contre seulement +0,4 milliard en 2024 à la même époque. Cette amélioration reste en deçà de la moyenne des années 2018-2019 (+9,5 milliards), mais elle témoigne d'un possible retournement.

Ce rebond tient notamment à une réallocation des portefeuilles : les comptes à terme (CAT) et les livrets réglementés (comme le Livret A) reculent, tandis que les produits longs, notamment l'assurance-vie, attirent de nouveau les épargnants.

Assurance-vie et dépôts à vue en tête

Le grand gagnant de ce début d'année est l'assurance-vie, qui enregistre sa meilleure collecte depuis 2010. En février 2025, les cotisations ont atteint 17 milliards d'euros, dont près de 10 milliards placés en unités de compte (UC). Cela confirme l'attrait croissant des épargnants pour des supports à plus long terme, potentiellement plus rémunérateurs que les placements réglementés.

Dans le même temps, les dépôts à vue (comptes courants) repassent en positif (+1 milliard d'euros), tout comme les livrets bancaires non réglementés (CSL), qui bénéficient de leur souplesse et de la possibilité d'offrir des taux promotionnels.

Le Livret A sous pression

La baisse du taux du Livret A à 2,4 % en février 2025 (contre 3 % en janvier) n'est pas sans conséquence. Même si elle ne fait pas chuter globalement le volume d'épargne, elle provoque des arbitrages : les Français transfèrent leurs économies vers des supports jugés plus attractifs, comme l'assurance-vie ou les dépôts à vue.

Des seuils psychologiques bien identifiés par les économistes entrent en jeu. Ainsi, selon les enquêtes, un taux inférieur à 2 % pour le Livret A pourrait déclencher des désinvestissements massifs : 45 % des épargnants envisageraient de réduire leurs versements dans ce cas.

Les 30-49 ans : acteurs du changement

Cette classe d'âge se distingue par une hausse marquée de son effort d'épargne et par des priorités nouvelles. Plus inquiets pour l'avenir, notamment en matière de fiscalité et de retraite (la préparation de la retraite devient un objectif prioritaire, avec une hausse de +9 points depuis juin 2024), les 30-49 ans se tournent plus volontiers vers des produits de placement long terme comme l'assurance-vie, tout en affichant un regain d'intérêt pour l'investissement en Bourse. Leur confiance relative en l'avenir économique et leur amélioration de pouvoir d'achat depuis fin 2023 (+3 points des répondants déclarant une situation stable ou meilleure) les rendent plus enclins à diversifier leurs placements.

Les 30-49 ans, toujours prudents, mais plus actifs, sont mieux informés, et désireux de sécuriser leur avenir tout en restant attentifs aux opportunités d'investissement.

Un environnement économique sous tension

L'instabilité géopolitique, le retour de l'inflation aux États-Unis et les incertitudes liées aux politiques commerciales de Donald Trump pèsent sur la conjoncture. La croissance française, privée de l'élan des Jeux olympiques de 2024, pourrait plafonner à 0,6 % en 2025. L'inflation, quant à elle, serait contenue à 1,3 %, ce qui freine les hausses de revenus et limite la capacité d'épargne nouvelle.

Dans ce contexte, les placements financiers des ménages devraient à peine progresser, à 35,2 milliards d'euros, contre 34,8 milliards en 2024. La structure de ces placements, elle, pourrait connaître une transformation plus marquée.

L'année 2025 pourrait ainsi marquer un tournant discret mais significatif dans les comportements d'épargne. Le recul du crédit, la baisse des taux réglementés et le retour progressif de la confiance incitent les ménages à repenser leurs arbitrages.

L'assurance-vie retrouve des couleurs, les dépôts à vue cessent de se vider, et le Livret A pourrait perdre son statut de roi de l'épargne si son rendement continue de s'effriter.

0 commentaire

Signaler le commentaire

Fermer

A lire aussi